Un somme nie

Les pâles pales garnies de mes pensées de nuit tournent en silence sous mon crâne, ici c’est nuit.

Le mélange, la foule, le trop-plein de pensées se déversent en un flot ininterrompu ; les barrières lâchent, la crue croit.

Les pales vont trop vite, pas possible de fixer une idée, un moment. Elles s s’enfuient dès l’approche, et vont se replacer ailleurs.

Respiration, ventrale, gérer le souffle, la vie. Lentement reprendre le contrôle sans se laisser déborder.  Egrener cet air de piano aux vertus calmantes,  le reprendre note par note, doucement, en interne.

Puis la pensée dévie, un grain de vie vient perturber le nouveau calme, et emporte à nouveau le courant vers un lit différent. Les pales reprennent de la vitesse, les mots succèdent aux mots, les maux se figent et pèsent plus lourd. Pas d’issue, laisser le courant faiblir. Se mettre en position de sécurité, fœtale.

Partir loin, très ; revenir au lit. Refaire tout ce chemin en un soupir, et se surprendre à respirer, juste à revivre.

Arrondir les angles, trancher dans le vif, rejouer la scène en changeant de personnage, laisser le calme se répandre, garder le fil tenu d’une pensée positive…

Sans prévenir, la déferlante arrive et perturbe le silence de ma nuit, elle explose les vitres de mes rêves et inonde la terre de ma pensée.  Le ventilateur devient un cercle solide qui ne bouge plus tant il tourne vite ; les mots ne sont plus lisibles, ils se délayent dans le magma des idées en révolte.

C’est comment qu’on freine ?

Les visages, les bruits, les odeurs, les goûts, les gens, les images, tous sont emmêlés, tous récitent leur chapitre, tous sonnent faux. Je flotte au-dessus d’eux, les regarde s’agiter, les entends se plaindre. Peu à peu, je m’éloigne, me raisonne, me dissous. Je suis fluide, entre draps et peau, je suis ombre, entre chien et loup.

Perché sur la pale de ma nuit pâle, mes pensées de nuit s’envolent, moi je reste et attends l’aurore.

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